Maraichage

Notes

  • 01/05/2017 Frédérique LORENZI

    MOSAGRI, une coopérative qui accompagne la création d’activités agricoles

    La société coopérative ouvrière de production – Coopérative d’Activités et d’Entrepreneur(e)s MOSAGRI qui est immatriculée depuis 2012 par la Mutualité sociale agricole constitue une structure originale puisqu’elle accueille en son sein des personnes préférant être salariées et « s’auto-employer » plutôt que de créer leur propre entreprise. La coopérative est ouverte à un public large, pas forcément issu du milieu agricole, qui ne dispose pas toujours du niveau de formation requis pour bénéficier des aides à l’installation agricole ou qui parfois a dépassé l’âge limite pour leur obtention. Il s’agit pour les entrepreneur(e)s de tester leur activité sous couvert juridique de MOSAGRI en gardant leur statut de demandeur d’emploi ou les minimas sociaux. L’activité peut être viable à moyen terme ou s’avérer trop difficile à mener, et conduire son initiateur à y renoncer. Cette démarche de création progressive d’activité agricole sur un lieu mis à disposition par une collectivité, un agriculteur, un particulier, une école, Terre de Liens (etc.) et qui s’insère dans un cadre juridique, fiscal et comptable assuré par la coopérative d’activités est dénommée « test d’installation ». Comme le résume très bien Tristan Klein le responsable de MOSAGRI, les porteurs disposent d’un droit de réversibilité et peuvent découvrir qu’ils n’y arrivent pas. Il ne s’agit pas ici d’une vitrine publicitaire pour une installation réussie, mais de permettre aux personnes d’essayer sans faire à leur place. Elles peuvent trébucher mais c’est elles qui font leurs choix, sans avoir à tomber de trop haut.

    Les sollicitations du Parc naturel du Verdon sont à l’origine de la création de MOSAGRI en 2011. Il s’agit de la transposition au plan agricole (relevant de la Mutualité sociale agricole) de MOSAÏQUE qui a été créée en 2007 pour accompagner les porteurs de projets dans l’artisanat et le commerce (relevant de l’URSAFF).

    Outre la forte pression foncière à laquelle le territoire du Parc naturel est soumis, l’activité agricole est souvent relancée par des entrepreneur(e)s atypiques dans cette région difficile où dégager un revenu n’est pas simple. L’idée est de permettre aux coopérateurs de construire légalement une activité permettant un revenu décent agricole ou forestier. Il est aussi parfois difficile de s’insérer localement sur un territoire afin de rechercher du foncier et de s’y implanter socialement et commercialement. Un comité local d’accompagnement a été constitué comprenant notamment l’ADEAR, les chambres d’agriculture, la SAFER, les agri bio, Verdon Solidaire (qui dispose de serres et d’un point de vente type AMAP) et d’autres partenaires, dont la structure régionale de Terre de Liens,etc.

    La coopérative regroupe à la fois des lieux tests en archipel, dont les bénéficiaires peuvent jouir sur une longue période et des lieux tests pédagogiques équipés, comme à Carmejane, où la terre est mise à la disposition du porteur de projet pour une durée de trois ans. Ces lieux tests ont essaimé dans toute la région de Provence-Alpes Côte d’Azur : un à Valensole, deux sur Riez, mais également un à Reillanne, Grasse ou Menton. Certains porteurs (comme Loïc et Sonia à Aups ou Christel et François à Riez) sont sortis de MOSAGRI pour pouvoir obtenir la dotation jeune agriculteur (DJA) et se sont installés. D’autres sont prêts à rester en s’auto-salariant (comme Eve à Menton ou Jérôme à Valensole)

    A Carmejane, le projet de lieu test pédagogique porté par MOSAGRI est né du besoin d’un lieu de pratique pour les élèves en maraîchage bio et l’envie de proposer un lieu équipé « type » (1 hectare et 800 m² couverts arrosage et mécanisation adaptée) qui puisse continuer d’être actif quand l’établissement est fermé. Une jeune Québécoise, Marie-Laurence Chureau, ancienne élève de l’école, s’est lancée dans l’aventure. Elle nous explique qu’elle entame sa deuxième saison de production. Elle a démarré son activité sur une surface de 5000 m² et un tunnel ; l’arrosage a été installé dans le cadre d’un chantier d’insertion. Le projet lui plait et elle ne s’inquiète pas trop pour l’avenir. Il faut dire qu’elle et son compagnon y ont mis beaucoup d’énergie, ce qui leur a permis de disposer d’un réseau de distribution, composé d’un point de vente sur la parcelle, d’une épicerie solidaire à Digne, et de la cantine de l’établissement scolaire. Marie-Laurence a également beaucoup appris au plan technique grâce au suivi et aux conseils attentifs d’une professeure attachée à l’atelier pédagogique de la partie BPREA maraîchage de l’établissement (Véronique Izarn Formatrice en maraîchage bio), qu’il s’agisse de la maîtrise de l’eau, des soins aux cultures, ou encore de l’achat des plants et de la gestion des invendus de deuxième et troisième catégories. On lui souhaite de réussir bien sûr et de faire des émules, parmi les jeunes ou moins jeunes fréquentant l’établissement également ouvert à la formation professionnelle.

    Publié dans la Lettre d’information de Terre de Liens PACA n°16 d’avril 2016